La Tunisie fait face à une crise imminente concernant la disponibilité et les prix des pommes de terre, un aliment de base pour de nombreuses familles. Cette situation, qui pourrait bouleverser le marché agricole et alimentaire, est attribuée à plusieurs facteurs, notamment des conditions climatiques défavorables, des maladies agricoles et une gestion inefficace des stocks stratégiques.
Une production en déclin
Traditionnellement, la Tunisie produit entre 340 000 et 360 000 tonnes de pommes de terre par an, avec une récolte majeure entre mai et juin, représentant environ 240 000 tonnes, soit près des deux tiers de la production annuelle. Cependant, cette année, la transition entre les saisons de production a été perturbée par des conditions climatiques défavorables et une propagation accrue du mildiou, une maladie fongique destructrice. Ces défis ont réduit les rendements agricoles, mettant en péril l’approvisionnement national.
Gestion des stocks : un enjeu crucial
Actuellement, seuls 17 000 tonnes de pommes de terre sont stockées, un volume largement insuffisant pour couvrir les besoins durant les périodes critiques. Bayrem Hamada, membre du conseil central de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), a proposé la création d’un stock régulateur de 50 000 tonnes pendant la haute saison pour stabiliser le marché. Ce dispositif pourrait éviter des envolées de prix pouvant atteindre 4 dinars le kilo, en maintenant un prix plafonné à 2 dinars le kilo.
Importations controversées
Face à la pénurie, les autorités ont été contraintes d’importer des pommes de terre de Turquie. Cependant, ces lots ont été refusés par les services sanitaires pour cause de non-conformité et d’avarie. Cette situation met en lumière les défis liés à la dépendance aux importations et la nécessité d’une gestion plus efficace des stocks nationaux.
Perspectives et solutions
Pour sortir de l’impasse, un dialogue entre les autorités, les agriculteurs et les intermédiaires est impératif. Une gestion pragmatique des chaînes d’approvisionnement agricoles, combinée à des investissements dans les infrastructures de stockage, pourrait prévenir de telles crises à l’avenir. La crise actuelle des pommes de terre en Tunisie est un rappel poignant des défis auxquels le secteur agricole est confronté. Une action concertée et des politiques efficaces sont nécessaires pour protéger les consommateurs et soutenir les agriculteurs dans cette période difficile.