Malgré les défis imposés par la sécheresse, la saison des dattes en Tunisie s’annonce prometteuse, avec une récolte estimée à 390 000 tonnes, en hausse par rapport aux 340 000 tonnes de l’année précédente, selon les informations fournies par le ministère de l’Agriculture. Cependant, cette bonne nouvelle est nuancée par les difficultés rencontrées par les agriculteurs, notamment dans les palmeraies et oasis millénaires de Tozeur, au sud du pays.
À Tozeur, une ville nichée au cœur de palmeraies vieilles de 4 000 ans, la récolte des dattes est à la fois un métier et une passion pour de nombreux jeunes, comme le souligne Chokri, un agriculteur de 24 ans. « On s’occupe de la palmeraie le reste de l’année, son entretien surtout et son irrigation. Pour moi, c’est un métier vraiment important, car ça fait partie de notre identité à Tozeur et c’est aussi ce qui fait marcher l’économie de la ville », explique-t-il à RFI.
L’économie locale repose sur environ 10 000 hectares d’oasis et 400 000 palmiers dattiers, principalement dédiés à la culture des dattes Deglet Nour, qui représentent 70% de la production totale. Cependant, malgré cette tradition ancienne, les agriculteurs font face à des défis croissants en raison de la sécheresse.
La sécheresse, un problème omniprésent, a un impact significatif sur la qualité des dattes. Hedi Abassi, un agriculteur local, souligne les difficultés rencontrées cette année toujours à la même source : « La saison est mitigée parce que même s’il y a des dattes, on voit qu’elles sont un peu sèches et ça, c’est à cause du manque d’eau. Cela se voit dans la couleur du fruit. » Normalement, les pluies contribuent à laver la poussière des dattes, les rendant brillantes et plus tendres. Cette année, cependant, la sécheresse a compromis ce processus, affectant la qualité du fruit.
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Les prix à l’export sont fixés par l’État autour de 5 à 6 dinars, soit environ 2 euros le kilo, une offre attrayante. Cependant, la concurrence sur le marché international reste féroce. Lamine Touati, responsable du tri des dattes et des expéditions vers les sociétés exportatrices, souligne les défis économiques liés à la sécheresse : « Cette année, vu que les dattes manquent d’eau, elles sont plus sèches donc leur poids se réduit lors de la pesée en vrac. Économiquement, cela a un impact et nous avons plus de pertes. »
Malgré quelques pluies fin novembre atténuant partiellement le manque d’eau, les agriculteurs restent préoccupés par une possible baisse de la production dans les années à venir, face aux défis posés par les périodes prolongées de sécheresse et le tarissement des sources souterraines. La question de la durabilité de la culture des dattes en Tunisie se pose avec une urgence croissante.