Dans un contexte où l’agriculture tunisienne souffre d’un abandon notable des terres domaniales, le président Kaïs Saïed a réaffirmé vendredi la nécessité d’une nouvelle « évacuation agricole » pour revitaliser ce secteur crucial. Lors d’une réunion tenue au Palais de Carthage avec le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydriques et de la Pêche, Ezzeddine Ben Cheikh, et le ministre des Domaines de l’État et des Affaires foncières, Wajdi Hedhili, le chef de l’État a exposé sa vision d’un futur agricole centré sur la jeunesse tunisienne.
Le Président Saïed a souligné l’importance d’adopter une stratégie en faveur des jeunes, les invitant à exploiter les terres publiques pour créer des entreprises agricoles et des sociétés communautaires. Selon lui, plus de 230 000 hectares de terres domaniales, jadis attribuées à des particuliers pour des montants symboliques, sont aujourd’hui abandonnées ou sous-exploitées. « La Tunisie a besoin de valoriser ses ressources agricoles et de retrouver son autosuffisance », a déclaré le président, insistant sur la nécessité de réformer l’Office des terres domaniales (OTD) pour dynamiser le secteur.
Dans cette optique, Saïed a donné des instructions pour préparer un cadre juridique innovant permettant aux jeunes d’accéder en priorité à ces terres. Cet accès prioritaire s’inscrit dans la ligne de la politique de réforme foncière que le chef de l’État défend depuis plusieurs mois. Le président a insisté sur l’importance de transformer ces terres en moteurs de croissance durable et de développement économique, encourageant une réorganisation qui pourrait aussi favoriser l’apparition de coopératives agricoles gérées par des jeunes entrepreneurs.
Saïed a ouvertement critiqué l’état de dégradation de plusieurs zones domaniales, attribuant cette situation à des décennies de gestion opaque et d’attribution de concessions sans suivi. Il a exprimé sa volonté de remédier à cette situation en appliquant une gestion transparente et en utilisant pleinement le potentiel des terres tunisiennes. Cette nouvelle direction serait également une opportunité de restructurer les institutions comme l’OTD, dont le rôle est essentiel pour encadrer cette transition.
La métaphore de « l’évacuation agricole », employée par le président, renvoie à l’urgence de cette transformation et à la nécessité de « libérer » les terres pour en faire un pilier de la souveraineté alimentaire tunisienne. Avec ce projet, Kaïs Saïed espère insuffler une nouvelle dynamique dans le monde rural et atteindre l’autosuffisance en ressources alimentaires, misant sur une jeunesse innovante et sur les vastes ressources agricoles dont dispose le pays.
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Les ambitions du président s’étendent au-delà de la simple exploitation des terres; il vise une autosuffisance agricole nationale, mettant en avant le potentiel de la Tunisie en matière de ressources et de savoir-faire. L’enjeu est également de réduire les importations alimentaires et d’augmenter la production locale, un objectif d’autant plus crucial dans un contexte économique difficile.
Si la mise en œuvre de ce plan nécessite une organisation minutieuse et des réformes audacieuses, cette nouvelle politique agricole pourrait s’avérer déterminante pour l’avenir de l’économie rurale tunisienne.