L’Agriculture écoresponsable : Un nouvel espoir pour les agriculteurs tunisiens.
Alors que la sécheresse a sévi cette année dans le nord-ouest de la Tunisie, des agriculteurs locaux adoptent des techniques agro-écologiques et agro-forestières pour maintenir leur production céréalière malgré les conditions climatiques défavorables.
En sillonnant une soixantaine de kilomètres au sud de Tunis, nous avons été frappés par le contraste évident entre les terres de l’agriculteur céréalier Amine Ben Abdallah et celles de son voisin, un adepte de l’agriculture conventionnelle. Les champs d’Amine sont verdoyants, témoignant de sa persévérance dans la mise en œuvre de pratiques respectueuses de l’environnement depuis 2007.
« Quand on a commencé à exploiter en 2007, c’était un champ de céréales, avec un sol mort, c’est-à-dire sans activité biologique et qui ne fonctionnait que si l’on mettait des tonnes d’engrais et de produits chimiques, explique l’agriculteur. Et la première chose que l’on a faite, c’est des terrasses, des gros terrassements pour éviter le ravinement de l’eau, pour pouvoir retenir l’eau, la matière organique, et créer des micro-climats puis commencer à planter des arbres en ligne. »
Ces méthodes agro-écologiques et agro-forestières ont permis à Amine Ben Abdallah de maintenir sa production céréalière, même en période de sécheresse. Cette année, la Tunisie a enregistré une baisse de 66% de la récolte céréalière à l’échelle nationale. Il cultive désormais des céréales entre les rangées d’arbres, dans les terrasses, créant ainsi des conditions propices à une abondante matière organique, tandis que le champ de son voisin en agriculture conventionnelle ressemble de plus en plus à un désert.
Au sud de Tunis, Slim Zarrouk expérimente également des pratiques agricoles écoresponsables sur les terres familiales de la ferme d’El Berima. Ce changement n’a pas été un choix, mais une nécessité découlant d’un incendie qui a ravagé ses terres il y a huit ans. Il s’est tourné vers la permaculture pour diversifier ses cultures.
« Ce n’était qu’un verger de citronniers. Je me suis décidé à diversifier un peu et d’appliquer les principes de la permaculture. Et c’est comme ça que tout a commencé. Donc ici, on a toutes les strates. On a la canopée, avec ici un arbre forestier, » explique Slim Zarrouk.
Parmi les techniques utilisées, on trouve des arbres sans fruits, mais qui fixent l’azote du sol et servent de fourrage. Au pied des cultures, des peaux de mouton sont utilisées comme matière organique et paillage pour protéger le sol. Slim et Amine cherchent à vivre de la production de leur ferme en vendant directement au consommateur via l’Association tunisienne de permaculture, qui forme les Tunisiens souhaitant se lancer dans ce type d’exploitation.
Ces initiatives montrent que l’agriculture écoresponsable peut offrir une alternative viable, même dans des conditions climatiques difficiles. Les agriculteurs tunisiens sont de plus en plus enclins à adopter ces pratiques pour préserver leurs terres tout en contribuant à la sécurité alimentaire du pays.