Nichée au cœur de la région de Nabeul en Tunisie, la culture des agrumes déploie ses splendeurs, notamment avec le bigaradier, dont les fleurs dégagent un parfum envoûtant. Alors que le monde entier s’entiche des fruits du bigaradier pour concocter la célèbre marmelade, en Tunisie, ce sont les fleurs qui sont chéries et exploitées pour leur essence parfumée.
Originaire d’Asie et introduit par les Arabes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord aux IXe et Xe siècles, le bigaradier a trouvé en Tunisie un terreau propice à son développement. Avec près de 450 à 500 hectares de plantations et une production annuelle oscillant entre 1 500 et 2 500 tonnes de fleurs, le pays se hisse parmi les principaux exportateurs mondiaux d’huile de néroli, extrait précieux des fleurs de bigaradier.
La récolte, un véritable travail d’orfèvre, mobilise chaque année plus de 3 000 familles de la région de Nabeul, où les femmes, dès l’aube, cueillent méticuleusement ces pétales odorants, empreints de sensualité. Le processus d’extraction, qu’il soit par entraînement à la vapeur ou par solvant, est une véritable symphonie olfactive qui aboutit à la précieuse huile de néroli, vendue à prix d’or sur le marché international, entre 3 000 et 6 000 euros le litre.
Cependant, malgré cette richesse florale, le secteur est confronté à des défis majeurs. Le changement climatique, la hausse des prix de l’énergie et une main-d’œuvre de plus en plus coûteuse sont autant d’obstacles à surmonter. De plus, la concurrence internationale, notamment de pays comme l’Égypte, le Maroc et la Chine, met la pression sur les prix.
Pour soutenir ce secteur vital, des mesures incitatives et des investissements dans l’amélioration de la productivité et de la qualité sont essentiels. La Tunisie, forte de son savoir-faire ancestral dans la culture des fleurs de bigaradier, dispose d’un avantage concurrentiel indéniable. Préserver cette richesse, c’est préserver une part de l’identité et du patrimoine tunisien, tout en assurant un avenir prospère pour les générations futures.
Dans un monde en quête de senteurs rares et authentiques, les fleurs de bigaradier, surnommées localement « zhar » ou chance, demeurent un trésor précieux pour la Tunisie, une source de fierté et une promesse de prospérité.