« Nous croyons pleinement que les biostimulants sont les solutions d’avenir pour améliorer l’immunité, la défense des plantes et la résistance aux stress. »

C’est avec conviction que M. Helmi OMRANE, Responsable Développement chez Bioprotection, une société leader dans la commercialisation de produits phytosanitaires et de fertilisants en Tunisie, a répondu à nos questions sur les biostimulants et leur rôle dans l’agriculture moderne.

Qu’est-ce qu’un biostimulant et quel rôle joue-t-il sur la plante ?

M. OMRANE : Un biostimulant est une substance ou un micro-organisme qui, lorsqu’il est appliqué aux semences, aux plantes ou à la rhizosphère, stimule les processus naturels. Cela favorise l’absorption des nutriments, améliore les caractéristiques qualitatives des récoltes ou encore rend disponibles les éléments nutritifs confinés dans le sol. Ces produits sont surtout connus pour leur effet sur l’amélioration de la tolérance des plantes aux différents types de stress, notamment thermique, hydrique et salin. Par exemple, l’écart de températures entre le jour et la nuit, que nous observons actuellement, stresse beaucoup les plantes.

D’une manière générale, les biostimulants peuvent être constitués d’acides aminés, d’extraits d’algues comme Scophyllum nodosum ou Ecklonia maxima, mais aussi d’extraits de plantes, de produits minéraux, de dépôts sédimentaires, de micro-organismes, ou même de sous-produits animaux.

Concrètement, qu’apporte un biostimulant à une plante en situation de stress ?

M. OMRANE : Les biostimulants agissent en synergie avec les défenses naturelles de la plante. Ils stimulent la production de métabolites secondaires et renforcent les barrières physiques et chimiques de la plante contre les pathogènes. Par ailleurs, ils contribuent à renforcer la structure et la stabilité du sol, à améliorer la disponibilité des nutriments pour les plantes, et à favoriser la biodiversité microbienne dans le sol. Tout cela améliore la résistance des plantes aux maladies et aux stress environnementaux.

Quelle est la perception des agriculteurs concernant ces produits ? Le marché des biostimulants est-il aujourd’hui mature ?

M. OMRANE : Je considère pleinement que les biostimulants représentent la solution d’avenir pour les agriculteurs, particulièrement face aux conditions naturelles difficiles actuelles. Ils auront de moins en moins le choix. D’un côté, les perturbations dues aux changements climatiques, et de l’autre, la rareté des matières actives et leur prix de plus en plus élevé sur les marchés, poussent les agriculteurs à se familiariser avec les biostimulants. Ces produits ont prouvé leur efficacité dans le renforcement de l’immunité des plantes.

Durant mes tournées sur le terrain, j’insiste beaucoup sur leur efficacité. Certes, les agriculteurs se sentent encore plus à l’aise et « confiants » avec les produits chimiques de traitement, mais peu à peu, ils s’habituent. Nous assistons à un progrès.

En outre, les biostimulants sont une alternative prometteuse aux pesticides et autres produits phytosanitaires. Ils ont une faible toxicité environnementale et ne présentent aucun risque pour la santé humaine ou animale. De plus, ils favorisent une agriculture plus durable en réduisant la dépendance aux intrants chimiques.

D’un point de vue chiffré, le marché mondial des biostimulants est en pleine expansion. En 2023, sa valeur était estimée à environ 3,64 milliards de dollars. Ce chiffre devrait croître de manière significative pour atteindre environ 9,75 milliards d’ici 2032, avec un taux de croissance annuel de 10,5 % (source : Fortune Business Insights).

Quels biostimulants commercialisez-vous chez Bioprotection et comment évaluez-vous leur rôle ?

M. OMRANE : Chez Bioprotection, nous avons récemment lancé deux produits : Isabion de Syngenta et Archer® Osmocare d’Atlantica. Ces deux produits sont constitués d’acides aminés libres : le premier à base de glycine bétaïne et le second à base de proline.

Je préfère parler d’Archer® Osmocare, que j’ai eu l’occasion de tester. De manière générale, l’efficacité d’un biostimulant dépend de :

• Le type d’acides aminés utilisés,
• La quantité d’acides aminés libres, exprimée en pourcentage.

L’effet d’Archer® Osmocare est remarquable. Au-delà de la stimulation des plantes en période de stress, son rôle osmoprotecteur est essentiel, notamment pour dynamiser le flux d’eau et de nutriments.

Un mot pour conclure ?

M. OMRANE : Je suis convaincu que les biostimulants représentent l’avenir de l’agriculture. Les grandes firmes, à l’échelle nationale et internationale, orientent déjà une part de leurs efforts vers la commercialisation de ces produits. Cependant, il est indispensable de continuer à sensibiliser les agriculteurs sur le terrain.

Par AL