Le secteur de la fraise en Égypte franchit une nouvelle étape majeure avec la création du *Strawberry Growers and Exporters Council*, une organisation regroupant les producteurs et exportateurs de fraises du pays. Ce conseil, créé ce mois-ci avec le soutien du ministère de l’Agriculture, est appelé à structurer un secteur stratégique qui fait face à des défis croissants, notamment liés au changement climatique et à la qualité des plants.
Depuis 2019, l’Égypte occupe la première place mondiale dans l’exportation de fraises congelées et transformées, et se positionne parmi les leaders mondiaux pour les fraises fraîches. Cependant, le secteur est confronté à des difficultés qui menacent sa compétitivité internationale. Selon Emad Mahdy, PDG des pépinières Al Fayruz, « il est vrai que l’organisation est arrivée tardivement, mais nous en avons plus que jamais besoin ». Le secteur, longtemps fragmenté en de petites exploitations, souffre d’un manque de coordination et de soutien technique, alors que les enjeux deviennent de plus en plus pressants.
L’un des principaux objectifs du nouveau conseil sera de résoudre les problématiques liées au changement climatique, qui impacte la qualité des plants, mais également de contrer le dumping qui provoque une chute des prix. M. Mahdy souligne que les agents de sélection de variétés ne fournissent pas aux agriculteurs les dernières innovations variétales, malgré l’adhésion de l’Égypte à la convention UPOV (Union pour la protection des obtentions végétales). Le conseil aura donc pour mission d’importer des plantes selon des normes strictes et d’assurer leur distribution auprès des cultivateurs dans des conditions optimales. En parallèle, des efforts seront initiés pour développer des variétés spécifiquement adaptées aux nouvelles réalités climatiques du pays, en collaboration avec des institutions de recherche locales.
Au-delà des enjeux techniques, une réorganisation en profondeur des pratiques s’impose dans la filière. Parmi les priorités du conseil figurent l’établissement d’une date de lancement officielle pour chaque campagne de récolte, l’introduction de quotas d’exportation en fonction des besoins des pays destinataires, ainsi que l’adoption de normes uniformes d’emballage et de qualité. Un système d’audits sera également mis en place pour assurer la conformité aux normes internationales, tandis qu’une bourse des prix pourrait voir le jour pour réguler le marché.
La logistique est un autre défi majeur pour le secteur des fraises en Égypte. Selon Emad Mahdy, plus de 30 % des fraises sont perdues entre la récolte et l’emballage, en raison des infrastructures inadéquates. Les coûts de transport, qu’il s’agisse de la voie maritime, routière ou aérienne, restent également prohibitifs, impactant négativement la compétitivité du secteur. Le conseil entend s’attaquer à ces problèmes en appelant le gouvernement à jouer un rôle actif dans la résolution des goulets d’étranglement logistiques et la réduction des frais de transport international.
Présidé par le général Ashraf Elsharkawy, le nouveau conseil vise à inspirer des réformes profondes et à s’inspirer des modèles de succès d’autres pays producteurs de fraises, comme l’Espagne, les Pays-Bas, l’Italie ou encore le Maroc. Des synergies seront également recherchées avec d’autres conseils sectoriels en Égypte, comme ceux des agrumes, des pommes de terre ou des dattes, qui sont considérés comme des modèles de réussite pour la gestion collective et la promotion des exportations.
La création du *Strawberry Growers and Exporters Council* marque ainsi une nouvelle étape dans la structuration du secteur égyptien de la fraise, avec l’ambition de renforcer sa position sur le marché mondial tout en surmontant les défis internes et externes qui menacent sa pérennité.