La cochenille du cactus, ce ravageur transfrontalier qui menace sérieusement la culture de la figue de barbarie en Tunisie, voit se dresser contre elle une réponse à la fois innovante et écologique. L’Institut National de la Recherche Agronomique de Tunisie (INRAT), en collaboration avec l’Institution de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur Agricoles (IRESA) et l’Office de l’élevage et des pâturages (OEP), a identifié trois variétés de cactus capables de résister à ce fléau.
Ce succès découle d’un partenariat scellé en juin 2023 dans le cadre d’une convention de « Recherche-développement ». Ce programme ambitieux a permis la multiplication in-vitro de clones de cactus présélectionnés pour leur résistance à la cochenille. Ces efforts visent non seulement à protéger la filière de la figue de barbarie, mais aussi à répondre à la pénurie de fourrages qui frappe durement les éleveurs.
Une réponse stratégique pour l’agriculture et l’élevage
Les raquettes de cactus sans épines, longtemps prisées comme fourrage alternatif, jouent un rôle crucial dans les périodes de sécheresse. Elles fournissent aux ruminants – bovins, ovins et caprins – une source précieuse d’énergie et d’eau. Les nouvelles variétés identifiées, une fois intensifiées, pourraient renforcer cette ressource vitale pour l’élevage tunisien.
Lors du colloque organisé par la Banque Nationale des Gènes (BNG) sur les ressources génétiques face aux changements climatiques, des experts ont souligné l’importance de ces variétés dans la lutte contre la flambée des prix et la rareté des fourrages. Ce programme de sélection répond aussi à l’urgence provoquée par l’expansion rapide de la cochenille dans plusieurs gouvernorats.
Une menace nationale
Depuis sa première apparition à Mahdia en 2021, la cochenille a causé des dégâts considérables. Neuf gouvernorats, dont Sidi Bouzid, Nabeul, et Kairouan, sont touchés, mettant en péril une filière essentielle à l’économie rurale. La figue de barbarie, en plus d’être un symbole agricole, fournit des emplois à de nombreuses familles dans ces régions.
La lutte biologique en première ligne
Face à cette menace, la Tunisie a opté pour une stratégie de lutte biologique. En collaboration avec le Maroc et sous l’égide de la FAO, des populations de coccinelles prédatrices ont été introduites dans le pays depuis juin 2024. En parallèle, des traitements biologiques spécifiques ont été recommandés pour préserver les plantations de cactus, reconnues pour leurs propriétés écologiques telles que la lutte contre l’érosion et la désertification.
Un patrimoine à préserver
La Tunisie, deuxième producteur mondial de figues de barbarie après le Mexique, récolte environ 550 000 tonnes par an, selon la FAO. Avec un classement en quatrième position pour les exportations, cette culture représente un patrimoine agricole stratégique. Sa préservation est essentielle pour maintenir sa place sur le marché international et assurer la résilience des écosystèmes locaux.
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L’identification de ces variétés résistantes et la mise en œuvre de solutions biologiques témoignent de l’engagement des institutions tunisiennes à protéger cet héritage agricole face aux défis climatiques et biologiques.