Des faux commerçants tentent de collecter la plus grande quantité possible de la récolte céréalière de cette année
De nouvelles menaces pèsent cette année sur la récolte des céréales, en plus des difficultés habituellement rencontrées par les agriculteurs. En effet, pour contourner les marchés formels, des soi-disant commerçants proposent généreusement aux agriculteurs de vendre leurs produits sur des marchés parallèles.
En effet, traditionnellement, lorsqu’on collectait les récoltes, elles étaient directement expédiées de la zone de production au point de collecte de l’Office des céréales ou dans les lieux de stockage des entreprises agréées travaillant dans le milieu agricole. Par conséquent, ces « commerçants » ne pouvaient pas proposer aux producteurs de céréales d’acheter leurs récoltes.
Mais malheureusement, la façon dont le blé est vendu a changé, à cause de la crise céréalière mondiale et de la flambée des prix, qui a permis à des contrebandiers et des spéculateurs, se faisant passer pour des commerçants, d’essayer de collecter autant de céréales que possible, d’une quantité évaluée à près de 2 millions de tonnes, selon le ministère de l’Agriculture.
En outre, sur les 3,4 millions de tonnes nécessaires pour répondre aux besoins des tunisiens, les autorités s’attendent, cette année, à ce que le pays réunisse 2 millions de tonnes de céréales.
Aussi, les autorités se préparent à un épuisement important des entrepôts de collecte officiels après la saison des moissons, et par conséquent à une insuffisance de céréales pour la distribution, à cause des actions de ces faux commerçants, qui sont en réalité des contrebandiers et spéculateurs. Ces derniers achètent le quintal de céréale à 150 dinars chez les agriculteurs, alors que le prix officiel est de 130 dinars.
Néanmoins, sachant que ces faux commerçants achètent les céréales en dehors du circuit officiel et les acheminent frauduleusement dans les pays voisins, c’est tout au bénéfice des agriculteurs, qui sont généralement très endettés à cause des dépenses énormes qu’ils engagent dans la production pour ensuite récolter peu, de vendre leurs céréales à ce prix proposé par ces « commerçants ».
Ainsi, ces contrebandiers, qui savent que les agriculteurs vendent généralement leurs récoltes dans les bureaux céréaliers ou les points de collecte officiels, offrent à ces agriculteurs une somme d’argent intéressante à l’avance pour la promesse de leur réserver leurs récoltes.
Par conséquent, pour cette saison, il est nécessaire de surveiller le processus depuis le début de la récolte jusqu’à la livraison des silos et d’empêcher la récolte de sortir des gouvernorats sans autorisation, car situation oblige, selon les observateurs.
Par ailleurs, les pratiques agricoles permettent aux agriculteurs de vendre sur place seulement les produits d’arbres fruitiers et d’oliviers, et non les céréales. Ce qui fait de l’invasion de ces faux commerçants sur le marché céréalier un phénomène sans précédent, et la crise internationale des céréales a relancé le commerce illégal et booster la spéculation et le monopole.
Alors, pour augmenter la production, récolter assez de céréales, diminuer le soutien financier des importations et renforcer l’autosuffisance alimentaire nationale, les autorités ont prévu il y a deux mois, d’augmenter les coûts des céréales locales de 30 %, concernant les récoltes de cette année.
En outre, selon les renseignements officiels de l’Office des céréales, il faut 3,4 millions de tonnes pour couvrir la consommation céréalière tunisienne. Le taux de production par an permet d’adapter les importations de céréales.
L’acheminement frauduleux des récoltes vers les pays limitrophes peut également avoir un certain impact sur les productions collectées et le coût des céréales.
Aussi, il convient de noter que la tentative de destitution du célèbre membre du mouvement Ennahda, le président Abdelmajid Ezzar, opérée par le Bureau exécutif de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), après des allégations qui tendent à diviser l’Union par des conflits politiques internes, a fragilisé le rôle du syndicat, qui consiste à protéger la récolte saisonnière et à lutter contre les trafiquants et les contrebandiers des céréales, en accompagnant les agriculteurs.