Makthar, située dans le gouvernorat de Siliana, s’est imposée comme la capitale tunisienne de la cerise, concentrant à elle seule 80 % de la production nationale. Cette région, riche en histoire et en patrimoine, est aujourd’hui un pôle incontournable de l’arboriculture fruitière en Tunisie.
Une production en pleine croissance
La culture des cerisiers à Makthar s’étend sur une superficie de 460 hectares. En 2025, la production devrait atteindre 9 000 tonnes, marquant une hausse de 40 % par rapport à la saison précédente. Cette progression est attribuée à des conditions climatiques favorables durant la floraison et la croissance des arbres, ainsi qu’aux efforts des agriculteurs pour améliorer les techniques de culture. En outre, Makthar bénéficie d’un climat tempéré avec des hivers froids et des étés modérés, des conditions idéales pour la culture des cerisiers. L’altitude de la région, avoisinant les 900 mètres, favorise une maturation lente des fruits, leur conférant une qualité exceptionnelle. Les cerises de Makthar sont réputées pour leur calibre supérieur et leur saveur intense, ce qui leur ouvre des perspectives intéressantes sur le marché intérieur et à l’export.
Répartition des zones de production
La culture des cerisiers est principalement concentrée dans les zones de Jebel Serj, Oued Zarga et Aïn Jloula, où les conditions climatiques et la qualité des sols permettent une production optimale. Ces régions bénéficient d’un taux d’ensoleillement élevé et d’une bonne disponibilité en eau, des facteurs essentiels pour garantir des rendements élevés. Les rendements moyens des cerisiers à Makthar varient entre 18 et 22 tonnes par hectare, selon les pratiques culturales et les conditions climatiques.
Malgré ces performances, les producteurs de Makthar doivent composer avec plusieurs défis. La pénurie de main-d’œuvre saisonnière complique la cueillette, freinant le rythme de la récolte et menaçant la qualité du fruit au moment de sa commercialisation. L’absence de circuits de distribution organisés fragilise la filière, limitant l’accès au marché et réduisant les opportunités d’exportation, alors que la demande pour des cerises de haute qualité ne cesse de croître. Face à ces enjeux, les agriculteurs appellent à un accompagnement renforcé des autorités, notamment par le développement des infrastructures et la mise en place de dispositifs favorisant la structuration de la filière, afin de sécuriser et dynamiser la production locale
Vers une reconnaissance internationale ?
Avec une production en hausse et une qualité reconnue, Makthar pourrait devenir un acteur majeur sur le marché international des cerises. Des initiatives visant à structurer la filière, à moderniser les techniques de conservation et à développer l’exportation pourraient permettre à cette région de rayonner bien au-delà des frontières tunisiennes.
Makthar, autrefois connue pour son héritage numide et romain, est aujourd’hui un symbole de résilience agricole et d’innovation. Son avenir dépendra de la capacité des producteurs et des autorités à surmonter les défis et à valoriser ce fruit emblématique de la région