La Tunisie s’apprête à vivre une saison céréalière exceptionnelle en 2025, marquée par des conditions climatiques favorables et des efforts concertés pour maximiser la production. Selon les estimations du ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, la récolte devrait atteindre environ 1,45 million de tonnes, soit près du triple de la production enregistrée en 2024, qui était de 500 000 tonnes. Cette amélioration est attribuée à des précipitations abondantes entre janvier et mars 2025, après plusieurs années de sécheresse.

Les superficies emblavées pour la campagne agricole 2024/2025 s’élèvent à 1,173 million d’hectares, réparties entre 608 400 hectares de blé dur, 514 800 hectares d’orge et 46 800 hectares de blé tendre et triticale. Les principales zones de production incluent les gouvernorats de Béja, Jendouba, Siliana, Le Kef, Bizerte, Kairouan et Zaghouan, où les conditions climatiques et les infrastructures agricoles ont permis d’optimiser les rendements.

Pour garantir une gestion efficace de cette récolte, le gouvernement tunisien a adopté plusieurs mesures lors d’un conseil ministériel restreint tenu le 10 mars 2025. Parmi ces initiatives figurent la modernisation des infrastructures de stockage, avec une capacité totale estimée à 7,63 millions de quintaux, et l’ajout de capacités supplémentaires de 548 000 quintaux dans les zones de production. L’Office des céréales joue un rôle clé dans la collecte et le transport des récoltes, en collaboration avec la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT).

La récolte 2025 devrait également contribuer à réduire la dépendance aux importations de céréales, notamment d’orge et de blé dur. Actuellement, la Tunisie importe environ 22 millions de quintaux de céréales par an, principalement du blé tendre pour la fabrication du pain. Les autorités espèrent que cette récolte exceptionnelle permettra de diminuer les importations de 10 % pour le blé et de 40 % pour l’orge, renforçant ainsi l’autosuffisance alimentaire.

Le ministre de l’Agriculture, Ezzeddine Ben Cheikh, a souligné que cette campagne céréalière représente une étape importante pour le secteur agricole tunisien. Il a également insisté sur la nécessité de surveiller les barrages, dont le taux de remplissage est actuellement de 36 %, afin de garantir une gestion durable des ressources en eau. Avec des prévisions optimistes et des préparatifs minutieux, la Tunisie s’engage vers une saison céréalière qui pourrait marquer un tournant dans la gestion de ses ressources agricoles et la réduction de sa dépendance aux importations.