Les agriculteurs du monde entier font face à un dilemme complexe : comment protéger leurs cultures sans recourir aux pesticides nocifs pour l’environnement et la santé humaine ? Une étude récente, menée par des chercheurs brésiliens et américains, suggère que la réponse pourrait résider dans le renforcement du « biocontrôle », mettant en lumière les bienfaits des prédateurs naturels pour lutter contre les nuisibles.
Les héros discrets des champs, tels que les coccinelles, les chrysopes, les carabes et même les oiseaux, sont des alliés inestimables dans la guerre contre les ravageurs. Thibaut Malausa, spécialiste du « biocontrôle » à l’INRAE, souligne à FranceTvInfo leur importance souvent négligée : « Typiquement, ça va être des coccinelles, des chrysopes, des carabes et des oiseaux. Tous les animaux qui en mangent d’autres et qui sont relativement gros… »
Les résultats de l’étude montrent que ces prédateurs naturels peuvent réduire la population de nuisibles de 73% en moyenne, tout en augmentant les rendements des cultures de 25%. Une victoire double pour les agriculteurs qui cherchent à maximiser leur production tout en minimisant les impacts environnementaux.
L’approche du « biocontrôle » se veut avant tout pragmatique, travaillant dans l’intérêt des agriculteurs. Les méthodes proposées visent à gérer la biodiversité fonctionnelle pour favoriser la présence de ces alliés naturels. « Il faut essayer de gérer cette biodiversité fonctionnelle pour qu’ils soient plus nombreux, plus impactants sur les bioagresseurs. On peut rajouter éventuellement des mélanges fleuris, des haies… », explique Malausa.
En France, une initiative majeure vient d’être lancée pour encourager le développement du « biocontrôle ». Le « Grand Défi biocontrôle », présenté lors du salon de l’Agriculture, vise à accélérer l’innovation, développer et diversifier les solutions de biocontrôle, avec un investissement conséquent de 42 millions d’euros dans le cadre de France 2030.
Lire aussi : Comment réduire la salinité des sols et raviver les activités microbiennes du sol ?
Ces techniques de « biocontrôle » ne se limitent pas à l’utilisation des prédateurs naturels. Elles peuvent être associées à l’épandage de biopesticides, des produits à base de champignons, de bactéries ou d’autres micro-organismes. Cette approche holistique offre une alternative prometteuse pour réduire l’usage des pesticides tout en préservant la santé des sols et de l’écosystème.
Alors que le monde agricole cherche des solutions durables, le « biocontrôle » émerge comme une stratégie viable, plaçant les forces de la nature au cœur de la bataille pour des récoltes abondantes et respectueuses de l’environnement.