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lundi 25 novembre 2024
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Huile d’olive : Les agriculteurs tunisiens devraient s’inquiéter de la libéralisation ?

L’Impasse de la politique agricole en Tunisie : Les chiffres clés de la production d’huile d’olive.

Les agriculteurs tunisiens se trouvent en première ligne des conséquences potentiellement néfastes des politiques de libéralisation du commerce alimentaire. Selon une étude intitulée « Huile d’olive et eau : Vers un commerce agricole durable entre l’UE et la Tunisie » réalisée par le Transnational Institute (TNI), un institut de recherche spécialisé dans les questions de la mondialisation, les agriculteurs font face à une hausse des prix des intrants, la plupart étant importés par des entreprises détenant un quasi-monopole sur l’approvisionnement et la distribution.

De plus, la dévaluation continue du dinar, utilisée comme incitation aux exportations, aggrave la situation. En 2018, en raison des coûts de production élevés, plus de 12 000 agriculteurs tunisiens ont été contraints d’abandonner l’agriculture, d’après le TNI relayé par TunisieNumérique.

Une hausse du coût local de l’huile d’olive a également été observée. Conformément à l’accord d’association avec l’UE, l’huile d’olive tunisienne est exportée principalement sous forme brute (à hauteur de 90%) et à un prix relativement bas (2,845 $ le litre en 2019), en direction principalement de l’Italie et de l’Espagne, où elle est conditionnée et vendue à des prix plus élevés. Cette situation entraîne une perte de revenus pour la Tunisie, tandis que les négociants italiens et espagnols s’approprient la majeure partie de la valeur ajoutée avec un approvisionnement stable et à un coût relativement bas.

De plus, cette orientation vers l’exportation a eu pour conséquence une augmentation du coût de l’huile d’olive sur le marché local, la rendant inaccessible pour de nombreux Tunisiens, particulièrement à mesure que leur pouvoir d’achat diminue. Le pays est contraint d’importer des huiles végétales pour satisfaire la demande intérieure et augmenter le surplus d’huile d’olive exportable. Une part significative des recettes provenant de l’exportation d’huile d’olive est ainsi réinvestie dans l’importation d’huiles végétales.

Selon le TNI, cette situation a conduit à une diminution de la consommation moyenne d’huile d’olive par personne et par an en Tunisie, passant de 8,2 kg en 2000 à 6,7 kg en 2010 et à 3,7 kg en 2020, ce qui représente les niveaux les plus bas dans la région méditerranéenne (3,7 kg par personne contre 9,2 kg en Italie, 10,4 kg en Espagne et 16,3 kg en Grèce). Cette baisse de la consommation a eu des répercussions néfastes sur la santé de la population tunisienne, favorisant la propagation de maladies liées à une alimentation déséquilibrée, alerte l’étude.

L’examen de la politique commerciale agroalimentaire de la Tunisie révèle que les principaux bénéficiaires en sont d’abord l’Union européenne, qui détient d’importants excédents de produits alimentaires de base (céréales, huiles végétales, produits d’origine animale). Cela résulte des Accords de partenariat négociés par l’UE avec les pays du sud de la Méditerranée, dont la Tunisie, qui protègent leurs propres producteurs contre la concurrence étrangère tout en ouvrant les marchés des pays du sud de la Méditerranée à leurs excédents.

Les seconds bénéficiaires sont les sociétés nationales d’importation et d’exportation de produits alimentaires. La libéralisation du commerce a été accompagnée par le désengagement de l’État et la privatisation de toutes les activités liées à la collecte, à la distribution, à l’exportation et à l’approvisionnement alimentaires. Ces mesures ont permis à quelques acteurs d’enregistrer d’énormes profits aux dépens des agriculteurs et des consommateurs.

Quelques données clés de la chaîne de valeur de l’huile d’olive, comme rapportées par le TNI, sont les suivantes :

  • 310 000 agriculteurs (environ 60 % du total des agriculteurs),
  • 1,96 million d’hectares (46,5% des terres arables), dont 95 680 hectares (20%) sont irrigués,
  • 102,4 millions d’oliviers, dont 75% sont producteurs (âgés de 20 à 70 ans),
  • Production d’huile d’olive : 1,5 millions de tonnes en moyenne sur la période 2010-2020,
  • 1 750 moulins, 15 unités de raffinage, 14 unités d’extraction d’huile de grignons, 35 unités de conditionnement et de conditionnement,
  • Production d’huile d’olive : 194,3 mille tonnes en moyenne sur la période 2010-2020,
  • Consommation locale (20%), soit 35,3 mille tonnes en moyenne sur la période 2010-2020, avec une tendance à la baisse,
  • Exportation (80%) par 50 unités, avec une capacité de 168 mille tonnes en moyenne sur la période 2010-2020,
  • 90% en vrac et 10% en conditionnement.
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