En effet, l’accord permettant d’exporter en toute sécurité des céréales depuis les ports ukrainiens et russes de la mer Noire a été renouvelé samedi dernier pour seulement 60 jours, au lieu des 120 jours prévus.
La Russie a justifié cette décision par « un manque de progrès … sur la normalisation des exportations agricoles nationales ». Ainsi, Moscou a exigé que toute nouvelle prolongation au-delà du 18 mai soit conditionnée à la levée de certaines sanctions occidentales.
Parmi les sanctions énumérées, Moscou a exigé le rétablissement de l’accès au système de messagerie financière SWIFT pour la banque publique russe Rosselkhozbank, axée sur l’agriculture, la reprise de l’approvisionnement en machines agricoles et le déblocage des avoirs et comptes étrangers détenus par des entreprises agricoles russes. En cas de non-respect de ces exigences, Moscou menace d’envoyer des céréales gratuites aux pays africains.
Cet accord sur les céréales avait été négocié en juillet dernier par les Nations Unies et la Turquie pour lutter contre la crise alimentaire mondiale en partie alimentée par les actions de la Russie en Ukraine. L’Ukraine, la Turquie et les Nations Unies avaient souhaité prolonger cet accord de 120 jours.
Le président russe, Vladimir Poutine, s’est exprimé lors d’une conférence parlementaire Russie-Afrique à Moscou lundi dernier. Il a déclaré que les exportations de céréales dans le cadre de l’accord sur la mer Noire avaient injustement donné la priorité aux « marchés européens bien alimentés » plutôt qu’aux pays africains. Poutine a également déclaré que le renouvellement de l’accord aux conditions de la Russie était en cours. Si l’accord n’était pas renouvelé, Moscou pourrait fournir gratuitement des céréales aux « pays africains particulièrement nécessiteux », a-t-il ajouté.
Les exportations dans le cadre de l’accord ont jusqu’à présent été transportées dans le cadre d’accords commerciaux, les principales destinations étant la Chine, l’Espagne et la Turquie. Toutefois, les pays africains ont indirectement bénéficié de l’accord, car l’augmentation de l’offre a contribué à faire baisser les prix mondiaux des céréales.
Le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré dans une déclaration que ni la Turquie ni l’Ukraine n’avaient soulevé d’objections formelles à la période de renouvellement raccourcie de l’accord sur les céréales. Cependant, il est important de souligner que la réduction de la période de renouvellement de l’accord peut avoir des répercussions importantes sur la sécurité alimentaire de l’Afrique, qui dépend fortement des importations de céréales.