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vendredi 22 novembre 2024
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Colza
Colza - photo : DR

La culture du colza menacerait la diversité biologique et trois cultures importantes

La production des légumineuses, des céréales, et des fourragères, trois cultures importantes en Tunisie, mises en danger par le colza.

Sans recourir à la recherche concernant les conséquences de la culture du colza sur la biodiversité et sur d’autres cultures importantes, et tout en sachant qu’il n’y a aucune information sur le type de semence utilisé et qui est souvent génétiquement modifié ou au mieux un hybride,  des entrepreneurs nationaux et étrangers promouvant cette culture, tentent depuis 8 ans d’aligner les autorités agricoles derrière leur projet de faire augmenter la superficie dédiée à la culture du colza en Tunisie et de l’adopter auprès des agriculteurs.

En effet, des investisseurs, notamment avec le soutien de la filière des huiles et protéines végétales et de la filière chanvre de France « Terres Inovia’’ et l’Union Européenne, qui militent pour l’affectation de plus de terres à la culture du colza, masquent le danger que représente cette culture qui détruit les sols, pollue la nappe phréatique et nécessite de grandes quantités de produits chimiques qui peuvent menacer la biodiversité, en exhibant l’avantage économique qu’aura la Tunisie par la réduction de ses importations d’huiles végétales. Cependant, la superficie en colza en Tunisie est passée de 400 hectares en 2014 à 15 000 hectares en 2021.

Par ailleurs, à l’issue des conférences du Maghreb, Abdelaziz Bouhejba, président de l’Association pour l’agriculture durable (Apad) a apporté un soutien incohérent à ce projet d’augmentation des terres dédiées à la culture du colza, vu la dénomination que porte son organisation. Car, il espère voir la superficie consacrée à cette culture passée à environ 100 000 hectares en 2030. Sa justification, ‘’Importer moins d’huile végétale et s’en autosuffire’’.

Aussi, alors que les régions septentrionales de la Tunisie occupent 71 % à 83 % de la superficie céréalière totale du pays, cette culture de rente du colza s’est récemment étendue dans cette importante zone de production de céréales et d’autres produits stratégiques.

En outre, ‘’ le colza est la production d’huile végétale pour l’alimentation humaine. Il est aussi utilisé pour produire des biocarburants nécessaires pour l’alimentation animale. Mais sa culture est basée sur les graines, et les graines sont souvent génétiquement modifiées ou au mieux des hybrides’’, déclare Abdelhamid Amami, expert en agriculture durable, à l’inverse du slogan des tenants de la culture du colza, « Développement des graines oléagineuses : un enjeu stratégique pour l’autonomie alimentaire ».

Aussi, ‘’ pour cultiver le colza, il faut importer des semences, des produits chimiques et des polluants, ce qui se traduit par la vente et la compensation sur le marché local de produits contaminés (huile consommée par l’homme et aliments pour animaux ), et qui touchent les caisses de l’Etat pour leurs subventions’’,  ajoute l’expert.

Et de dire ensuite : ‘’Avec la hausse des coûts des céréales sur le marché international, il sera très dommageable pour le pays, si on réduit les terres dédiées aux cultures céréalières, au profit de la culture du colza. Car, en intensifiant ainsi la dépendance alimentaire, nous serons obligés d’augmenter les importations des céréales. Il faut donc contrôler cette propagation du colza.’’

De plus, ‘’la culture du colza rivalise directement avec des légumineuses nécessaires à l’équilibre de l’alimentation de l’Homme, de l’animal et du sol, parce que riches en protéines, telles que les fèves, les féveroles, les Sullas, les lentilles, les pois chiche, les fenugrecs’’.

Devons-nous préférer le colza commercial dans une ambiance où le climat et la géopolitique changent ?

Abdelhamid Amami se demande si on doit favoriser ces cultures de rente alternatives face au changement du climat et à la hausse des prix des matières premières sur le marché mondial, dans la mesure où le changement climatique nécessite des stratégies d’adaptation et d’atténuation.

En effet, l’utilisation du colza comme assolement, selon lui, met en danger les cultures des légumineuses, des céréales, et des fourragères, qui sont trois cultures agricoles importantes en Tunisie.

Aussi, il a rappelé que nos ancêtres ont toujours pratiqué des cultures alternées respectueuses de l’environnement et nécessitant peu de produits chimiques, en utilisant des légumineuses qui enrichissent le sol.

De plus, Amami souligne que pour lutter contre plusieurs maladies, le colza, qui est très fragile, nécessite de nombreux produits chimiques. Aussi, il faut beaucoup d’engrais azotés pour cultiver le colza, à l’inverse des légumineuses qui se nourrissent elles-mêmes. Ce qui dégrade donc la diversité biologique, en détruisant les sols, et en entraînant la pollution des eaux souterraines.

Selon l’expert, il y a un grand risque de destruction des cultures importantes, telles que celles des légumineuses, compromettant ainsi l’autonomie alimentaire du pays, à cause des entrepreneurs qui veulent insérer sur les marchés locaux d’autres produits et services.

D’autre part, dans une déclaration devant nos confrères de Tunis Afrique Presse (TAP), le Directeur de l’Ecologie et de milieux naturels au ministère des Affaires locales et de l’environnement, et point focal de la convention des Nations Unies sur la biodiversité, Mohamed Ali Ben Temessek, a déclaré qu’aucune étude sur l’impact de la culture du colza en Tunisie sur l’environnement et sur la diversité biologique n’a été faite.

Alors, il souhaite que cette culture et ses impacts sur la biodiversité et les sols soient étudiés, afin que les retombées économiques ne sacrifient pas l’écologie, le  développement durable et la diversité biologique.

Un danger d’introgression des graines de colza OGM

Parce qu’il est pollinisé par tous les insectes pollinisateurs et que ses graines se propagent facilement, pouvant conserver leur germination pendant de longues périodes, le contrôle de l’expansion des plantations de colza sauvage est de ce fait difficile.

Ainsi, la fécondation du colza et son croisement avec d’autres plantes sauvages  de l’environnement local étant très facile, favorisent la propagation de cette plante dans la nature, selon l’expert.

Alors, dans le but de cultiver 50 000 hectares en important des semences européennes, les organismes qui accompagnent la culture de colza en Tunisie, comme l’Institut technique de la filière des huiles et protéines végétales et de la filière chanvre en France « Terres Inovia », et l’Union européenne qui, ont initié un programme à cet effet.

L’objectif de ce programme dénommé « Maghreb Oléagineux » est de faire connaître les semences de l’Europe pour développer les cultures du colza et du tournesol marocain et tunisien. Bénéficiant de l’appui financier de l’Union européenne, « Maghreb Oléagineux » a été lancé par Terres Inovia, l’interprofession française des huiles et protéines végétales.

Par conséquent, ces semences européennes permettront à ces pays d’augmenter la production locale de colza et de tournesol et de diminuer les importations d’oléagineux, selon les initiateurs de ce programme.

Il faut également savoir que c’est d’une collaboration conjointe entre le ministère de l’Agriculture, la société « Semences Carthage », l’Institut national des grandes cultures et l’association « Pour une agriculture durable » (APAD) et le Comptoir multiservices agricoles, qu’est issu « Maghreb Oléagineux » en Tunisie.

Aussi, les semences européennes destinées à la Tunisie sont saines et sans organismes génétiquement modifiés, rassurent Terres Inovia et l’Union Européenne, partenaires du programme.

Pourtant, Nabil Hamada, agronome et expert en agriculture, a alerté les protagonistes du programme contre une introgression des graines de colza OGM. C’était dans une déclaration devant Tunis Afrique Presse (TAP), au début du programme, où il a ensuite suggéré, afin de valoriser la culture du colza, de bien choisir les graines à importer, et d’effectuer un contrôle efficace sur les importations des intrants.

Notons également que les OGM, dont la commercialisation est autorisée dans l’Union européenne, sont soumis à une réglementation stricte. Ce règlement s’applique aux denrées alimentaires et aux aliments pour animaux composés ou contenant des OGM tels que les semences génétiquement modifiées, et ce, depuis les années 1990.

Ainsi, tout en mettant en place un marché unique de la technologie biologique, cette législation européenne vise à protéger la santé et l’environnement des populations.

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